Bretagne : un large tissu associatif à conforter

Les premières Assises régionales de la vie associative ont lieu samedi 14 avril à Saint-Brieuc au palais des congrès. Loïg Chesnais-Girard, le président de la Région Bretagne, défend le rôle des associations au quotidien.

Une table ronde sur les enjeux de la vie associative et des ateliers-témoignages où l’on parlera des modèles socio-économiques des associations, de la co-construction des politiques publiques ou bien encore de l’engagement des bénévoles. Ces premières Assises régionales de la vie associative (programme et inscriptions sur bretagne.bzh, rubrique agenda) entendent dresser un état des lieux du monde associatif breton et engager une large réflexion afin de le conforter. Loïg Chesnais-Girard, le président de la Région Bretagne, y prendra part.

Environ 70 000 associations et 700 000 bénévoles. Comment expliquer cette vivacité du tissu associatif en Bretagne ?

Le monde associatif fait partie de l’identité de la Bretagne et il est à la base de sa vitalité dans les campagnes, les villes et les quartiers. Quand on vient vivre en Bretagne, l’un des premiers ressentis, c’est le foisonnement des structures associatives dans tous les domaines : la jeunesse, la culture, les solidarités. Le monde associatif crée un tissu qui tient la Bretagne et contribue à son attractivité. La Région, au côté des autres collectivités, se sent responsable de cette vitalité et dans l’obligation de trouver des solutions pour permettre l’adaptation du monde associatif à un monde qui change.

Justement, l’une des questions évoquées samedi à ces Assises est celle d’un nouveau modèle socio-économique pour les associations ?

Tout ce système est aussi fragile, notamment au niveau du modèle économique. Le modèle s’appuie énormément sur le bénévolat mais ce n’est plus possible. La pratique d’une activité sportive réclame une professionnalisation de l’encadrement. Dans les domaines de la petite enfance ou de l’accompagnement du grand âge, au côté des collectivités, il faut s’entourer de professionnels même si le modèle est associatif. Il faut donc trouver l’organisation qui permet au modèle de se renouveler et de répondre à ces nouveaux enjeux.

D’où ces Assises…

Lors des dernières élections régionales, nous avions rencontré le monde associatif et nous avions fait la promesse d’organiser un temps d’échange pour préparer ensemble ces défis de demain. Tout ne relève pas de la collectivité, Région, Département ou bloc communal, mais il y a une partie qui relève de notre responsabilité. La Région, naturellement, s’occupe des associations d’intérêt régional, comme celles qui font tourner les festivals ou qui agissent dans les secteurs du sport ou de la culture. Mais au-delà, nous avons besoin de discuter avec le monde associatif sur le modèle.

Un nouveau modèle économique pour les associations, vous avez des pistes ?

Il y a une chose qui m’intéresse mais je n’ai pas la solution. C’est de valoriser le bénévolat. Le temps donné aux autres par les associations, c’est important. À un moment donné, ne faut-il pas se dire que si des citoyens donnent autant pour une cause, la collectivité le reconnaît et apporte un accompagnement financier ? Si deux cents personnes se mobilisent pour une cause dans une commune de 5 000 habitants, avec une association, c’est bien qu’il y a un intérêt général, un but collectif. C’est là que nous, collectivités, nous avons à nous dire qu’il faut apporter quelque chose à l’association. C’est une intuition. Parfois ce n’est pas grand-chose. Des associations avec 500 € par an font des choses extraordinaires, comme le nettoyage de chemins ou la lecture aux personnes âgées. Il y a, peut-être, une solution pour dire : « Vous avez donné 2 000 heures. Aussi, la collectivité va vous donner des moyens pour une capacité à faire supplémentaire. » Ces associations assurent un service au public, désintéressé, dans un modèle qui est fort. La Bretagne, sans le monde associatif, ce n’est plus vraiment la Bretagne. Je ne dis pas que c’est cela que nous allons faire, mais c’est une piste.

Les associations bretonnes emploient environ 100 000 salariés. Une piste aussi pour améliorer les choses ?

Ce sont les groupements d’employeurs. Qu’est ce qui ennuie le président d’une association ? Faire les fiches de paie. Et puis, un tel groupement permet d’offrir un peu de stabilité aux salariés. Mais il n’y a pas une solution universelle. Il faut aussi penser à l’accompagnement des associations vers le numérique. Même si tout le monde ne doit pas abandonner la carte d’adhésion en carton...

Conforter le monde associatif, ce n’est donc pas seulement une question d’argent ?

Ce n’est pas qu’une question d’argent. Notre objectif, c’est de bien savoir comment nous accompagnons les associations. Je ne vais pas à ces Assises de la vie associative avec un chéquier mais avec des idées et une envie de faire. Ce monde associatif, il faut le préserver à tout prix. Il est capable de continuer à transformer la société bretonne : c’est un facteur d’intégration, d’épanouissement, d’entrepreneuriat. Ces Assises, c’est le début d’une réflexion collective entre les acteurs du monde associatif et les élus pour regarder les enjeux qui sont devant nous.